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La musique dès le berceau (et même avant)

azerty (†), le 10/10/2023

Quelle écoute musicale ?

Avant la naissance

Il faut d’abord avoir conscience que, bien avant la naissance, le fœtus baigne dans un monde sonore où la voix de sa mère domine. À quatre mois de grossesse, son système auditif est entièrement en place. Bien sûr, il entend d’abord les gargouillis intestinaux et les battements du cœur de sa maman et il est plutôt sensible aux tonalités graves car les sons aigus sont filtrés par la paroi abdominale. Mais il apprend peu à peu à distinguer les voix de ses parents des autres sons ambiants. Il ressent même les variations d’humeur de sa mère : gaieté, tristesse, anxiété, etc. Celle-ci sent d’ailleurs que, dans les derniers mois de sa grossesse, le fœtus réagit à ses caresses en bougeant dans son ventre. Il est aussi sensible à la musique, qu’il est capable de différencier dans son environnement sonore. Tout ce qu’il entend représente son premier contact avec le monde extérieur et laisse sur son inconscient une empreinte indélébile.

Après la naissance

Après la naissance, commence pour le bébé toute une phase d’exploration de son environnement par la succion, l’odorat, le toucher, et bien sûr l’audition (la vision, d’abord brouillée, ne se précise que vers le quatrième mois). Très vite, il comprend qu’il peut communiquer par l’intensité de sa voix (non, non, il ne pleure pas, il fait passer une information). Il réagit aux sons qu’il entend autour de lui et il faut lui parler car, même s’il ne comprend pas tout en détail, il saisit parfaitement de quoi il est question (la psychanalyste Françoise Dolto nous a beaucoup appris à ce sujet).

Très tôt, il est important de lui faire entendre des musiques très diverses : de toutes les époques (même contemporaine) et de tous les styles, en privilégiant ce qui vous fait plaisir, car le bébé ressent vos émotions et se les approprie. Il ne faut pas hésiter à lui proposer des musiques que l’on juge difficile car le bébé n’a aucune prévention et il peut tout assimiler car il n’est pas, comme les grandes personnes, conditionné par la mode et les jugements de goût. Il faut aussi savoir que l’écoute de la musique favorise l’apprentissage de sa langue maternelle, mais le prépare aussi à aborder les langues étrangères car elle habitue son oreille à entendre des sonorités très différentes. 

Peut-on emmener son bébé au concert ? Oui, si la séance (pas plus de 3/4 d’heure) est menée dans des conditions adéquates, telles que le propose le musicologue et pédagogue Paulo Lameiro. Les pièces jouées sont uniquement instrumentales (pas de paroles qui perturbent l’attention du bébé) et, bien sûr, un parent est présent : «  Les bébés sont des éponges : si la maman retient son souffle à cause d’une intense émotion provoquée par la musique, l’enfant sur ses genoux vivra la même excitation ... Pour focaliser l’attention des enfants, nous jouons sur la lumière, jusqu’à tout éteindre. Cela devient magique quand on joue du Messiaen, pendant que notre danseuse dessine les courbes avec son corps à l’aide d’une petite lampe. » 

Mais, bien avant les œuvres du répertoire, il faut penser aux comptines à gestes qui vous permettent de jouer avec votre bébé (il y en a plein sur Youtube).

Quelle pratique musicale ?

À première vue, cela ressemble à une plaisanterie : comment serait-il possible que les bébés pratiquent la musique ? Il ne faut pas bien sûr prendre l’expression « pratique musicale » au sens où on l’entend habituellement : ce n’est pas du piano, du violon ou de la guitare que jouent les bébés mais du hochet, du grelot, du bâton de pluie et autre instruments percussifs. En effet, vers son sixième mois, l’enfant est capable de saisir solidement un objet et de l’agiter ; il adore d’ailleurs le lâcher (non, ce n’est pas pour vous embêter) pour entendre le bruit que ça fait en tombant (sur du parquet, sur de la moquette, sur du carrelage… il varie les expériences et teste votre patience). 

Plus il avance en âge, plus il joue avec les sons des différents objets qui se présentent à lui. Quand il en trouve un qui l’intéresse, il le secoue, le frappe, le frotte ou l’imite avec sa voix. Il n’est pas exagéré de dire que, comme un musicien ou un compositeur, il se constitue peu à peu une sorte de catalogue de sons et de gestes permettant d’obtenir différentes sonorités. «  Secouer un hochet, faire grincer une charnière, plus vite, moins vite, pousser sur le sol une chaise en manifestant un intérêt pour le bruit produit, ce sont des comportements habituels dans lesquels il nous est apparu depuis longtemps qu’il était possible de voir le germe d’une recherche musicale de l’enfant. » écrit le musicien et chercheur François Delalande, dans son article L’enfant du sonore au musical (p. 11). C’est donc par le jeu spontané, et non par l’apprentissage de codes et de règles, que le petit enfant accède au fait musical. 

Il ne faut donc pas négliger l’importance des premiers jeux entre l’adulte et l’enfant, moments de plaisir partagé qui permettent au bébé la découverte de son propre corps : jeux de balancement, jeux de mains, jeux vocaux (chuintements, claquement, petits et grands cris, glissandos…), jeux sur le temps (que met la petite bête pour monter sur le bras jusqu’au nez) 

Le jeu est omniprésent dans la musique : on dit bien « jouer d’un instrument ». Mais pour le bébé, jouer de la musique c’est d’abord aller à la rencontre de son environnement sonore, soit seul de façon spontanée, soit par l’écoute d’un adulte, soit surtout par le jeu avec un adulte ou un autre enfant. Cette dernière situation lui permet de découvrir le principe de l’imitation, si important en musique (entrées en canon, phénomène d’écho, tuilage, …). Et cette recherche sur le son, tant vocale qu’instrumentale, est poursuivie durant toute l’enfance ; le tout petit ne fait pas de la musique, il vit la musique en empruntant toutes sortes de chemins, parfois inattendus mais toujours créatifs.

Pour les parents débordés

Bien des parents sont conscients de l’importance, pour leur enfant, d’une sensibilisation à la musique mais ne peuvent s’en occuper eux-mêmes, soit qu’ils manquent de temps, soit qu’ils se sentent incompétents. Qu’ils se rassurent, de plus en plus de crèches s’en chargent pour eux (voir France musique)

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Références CAIRNFrance Musique

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